Au Nord-Kivu, à l’Est de la République Démocratique du Congo, plusieurs femmes déplacées de guerre, victimes des violences sexuelles ont exprimé leur besoin d’accéder à un avortement sécurisé, encadré par des professionnels de santé. 

Ce besoin d’un avortement sécurisé encadré par un professionnel de santé avait été annoncé à l’organisation Woman Power au mois de septembre 2024 lors de l’implantation de son projet de résilience en faveur, notamment de femmes du Site de Shabindu Kashala et d’autres camps de déplacés à l’ouest de la ville de Goma.

Pour les victimes, la démarche vise à retrouver une certaine sérénité face aux conséquences de viols et abus sexuels auxquels sont confrontés les femmes.

Madame Sylvie Mazambi, coordonnatrice de Women Power 

Cependant, en RDC, ce besoin se heurte à des barrières éthiques et religieuses, a souligné Sylvie Mazambi, coordonnatrice de Woman Power au cours de la table ronde de clôture du projet « réponse d’urgence aux besoins des femmes déplacées en matière de santé sexuelle et reproductive », organisée mardi dernier à Goma.

Et de dire:

Nous avons identifié plus de cinq femmes qui ont exprimé le besoin d’accéder à un avortement sécurisé. Cependant, les organisations internationales qui interviennent dans ce domaine pourraient prendre le relais pour tenter de répondre à ce besoin et venir en aide à ces femmes victimes de violences sexuelles, qui souhaitent recourir à un avortement sécurisé,

Un droit de l’homme prévu dans le protocole à la Charte Africaine relative aux droits de femmes, dit protocole de Maputo.

Le Protocole de Maputo à l’épreuve des us et coutumes

À son Article 14(2)c, Protocole de Maputo protège la santé et les droits reproductifs des femmes avec une autorisation explicite de l’avortement sécurisé dans les circonstances notamment, lorsque la poursuite de la grossesse met en danger la vie de la femme, lorsque sa santé physique ou mentale est menacée, etc.

Signé par plus de 40 pays et ratifié par la RDC en 2018 le texte peine encore dans son application et controversé par la pratique.

Face à ces obstacles, Otema Aniece Bakoko, femme déplacée et point focal de l’organisation Woman Power dans le Camp de Shabindu Kashala, propose la formation des professionnels de santé sur ce protocole.

Lorsque les infirmiers eux-mêmes ne maîtrisent pas cette question, comment ces femmes victimes pourront-elles s’en sortir ? S’interroge Otema Bakoko.

L’organisation Woman Power a, à cette occasion, lancé un appel à la mobilisation des différentes parties prenantes et des acteurs humanitaires, afin de réduire et de mettre fin à cette forme de victimisation des femmes déplacées.

Meschac Tsongo

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