Chaque année, le Conseil norvégien pour les réfugiés (NRC) publie un rapport sur les dix crises de déplacement les plus négligées au monde. Cette année, avec le Cameroun à la tête du classement, l’organisation a placé la République Démocratique du Congo à la huitième position.
D’après le « NRC », l’objectif est de mettre en lumière le sort des personnes dont les souffrances font rarement la une des journaux internationaux, qui reçoivent peu ou pas d’aide, et qui ne sont jamais au centre de l’attention de la diplomatie internationale.
En 2024, le nombre de personnes déplacées à travers le monde a doublé par rapport à il y a dix ans. Dans le même temps, le financement humanitaire ne couvrait que la moitié des besoins croissants.
Statistiques annuelles retenues pour la RDC
D’après les statistiques retenues par NRC en 2024, la population Congolaise serait estimée à 105,8 millions de personnes dont, 6,2 millions de Personnes déplacées à l’intérieur du pays; 25 millions de Personnes ayant besoin d’aide humanitaire, et 2000 Écoles fermées en raison de l’insécurité et de la surpopulation.
Cependant, l’évolution des priorités nationales, l’incertitude économique et la lassitude politique ont entraîné de fortes réductions de l’aide aux personnes touchées par les crises et les déplacements.
Cette année, le Cameroun figure en tête de liste , un pays qui figure à plusieurs reprises dans ce rapport. Confronté à trois crises distinctes et prolongées, le Cameroun reste largement ignoré par ceux qui ont le pouvoir d’y répondre. Il est sous-estimé et sous-financé : un cas d’école de la négligence mondiale.
L’Éthiopie se classe deuxième cette année, son meilleur classement depuis le lancement de ce rapport il y a neuf ans, tandis que le Mozambique apparaît pour la première fois sur la liste, à la troisième place.
La République démocratique du Congo est tombée à la huitième place, son plus bas classement à ce jour, et le Burkina Faso , qui occupait la première place en 2022 et 2023, occupe désormais la quatrième place.
Ces changements ne reflètent pas d’améliorations significatives dans des pays comme la RDC. Ils mettent plutôt en lumière une réalité plus dure : la quasi-totalité des crises humanitaires prolongées sont désormais négligées.
Une situation particulière en RDC
La République démocratique du Congo a beau être passée de la troisième place l’an dernier à la huitième place sur la liste des crises négligées de cette année, ce changement de classement ne reflète aucun progrès réel.
La situation humanitaire a continué de s’aggraver en 2024, alimentée par une violence incessante et une urgence sanitaire croissante.
Dans les provinces du Nord-Kivu, de l’Ituri et du Sud-Kivu, le conflit armé s’est intensifié, les combats affectant directement les camps de déplacés et les banlieues urbaines. Au milieu de l’année, le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays avait dépassé le chiffre record de sept millions.
Autour de la ville de Goma et à Minova, dans la province du Sud-Kivu, des milliers de familles ont fui la recrudescence des violences pour se retrouver dans des conditions de surpopulation et d’insécurité, sans eau potable, sans soins de santé ni scolarisation pour leurs enfants.
Rien qu’au Sud-Kivu, près de 1,5 million de personnes ont été contraintes de fuir leur foyer. L’exposition aux violences sexuelles était généralisée et les mécanismes d’adaptation néfastes, notamment les rapports sexuels de survie, sont devenus extrêmement courants.
La situation s’est encore aggravée au deuxième trimestre 2024 avec une épidémie de mpox, frappant le plus durement les populations déplacées.
Malgré l’augmentation des besoins, l’aide humanitaire est restée à la traîne, avec seulement 52 % du financement requis obtenu.
Les perspectives pour 2025 sont déjà sombres. L’escalade du conflit et les déplacements massifs de population, qui ont déraciné des centaines de milliers de personnes, devraient entraîner une forte augmentation des besoins humanitaires.
Parallèlement, les coupes budgétaires généralisées annoncent une année complexe, qui risque de se heurter à l’indifférence persistante de la communauté internationale.
Le monde est en transition. Mais nous ne devons pas accepter cet abandon comme une fatalité. Le déplacement n’est pas une crise lointaine ; c’est une responsabilité partagée. Nous devons nous mobiliser et exiger le changement, recommande l’organisation humanitaire.
LUKEKA M NATHANAËL
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